Terre et environnement

Le guano - de l'engrais aux explosifs (et retour)

Guano en grande quantité chez une colonie de fous

Le guano s'accumule au fil des ans et constitue un engrais important. Il s’en forme de grandes quantités là où nichent de nombreux oiseaux de mer - ici une colonie de fous variés. (Image: jeremyrichards/CanStockPhoto)

Quel est le rapport entre les excréments d'oiseaux ou de chauves-souris et les explosifs et les légumes du jardin? Ce sont les nitrates contenus dans les fientes d'oiseaux qui sont transformés - de manière industrielle ou naturelle - en différentes matières premières. C'est ainsi que le guano venu de quelques petites îles sud-américaines a acquis une importance mondiale au 19e siècle. Il est même encore exploité et négocié aujourd'hui!

Le guano se forme essentiellement à partir d'excréments d'oiseaux. Mais des dépôts similaires constitués d'excréments de chauves-souris ou de phoques sont souvent aussi appelés guano. Les oiseaux excrètent l'azote excédentaire de leur métabolisme principalement sous forme de guanine et d'acide urique. De plus, les fientes des oiseaux de mer contiennent du phosphate qui s'est concentré au long de la chaîne alimentaire marine. Quand ces excréments se déposent sur des sols calcaires, ils se transforment au fil des années et des décennies en guano, un mélange à grains fins de minéraux phosphatés et nitratés.

On trouve de grandes quantités de guano sur de petites îles où vivent d'énormes colonies de mouettes, de cormorans ou de manchots. La couche de guano peut y atteindre plusieurs mètres d'épaisseur. De même, on trouve du guano sur le sol des grottes peuplées par des colonies de chauves-souris.

Le guano comme matière première

Guano de cormoran

Les cormorans font partie des plus importants producteurs de guano. (Image: Bamse/Wikimedia Commons, Licence CC)

Bien que le guano soit un déchet d’origine animale, c'est une matière première très riche. Sa composition varie selon qu'il provient d'oiseaux, de chauves-souris ou d'autres animaux, et selon les roches qui composent le sous-sol de l'île ou de la grotte. Fondamentalement, le guano présente des teneurs très élevées en azote, en phosphate et en potassium. Ces éléments nutritifs sont très importants pour la croissance des plantes, ce qui en fait un engrais naturel parfaitement approprié. Le mot «guano» vient de la langue des Incas et désigne tout type d'engrais qui pouvait être utilisé pour l'agriculture.

Au début du 19e siècle, les Européens ont découvert de grands gisements de guano en Amérique du Sud et au large des côtes sur diverses îles peuplées d’oiseaux. Au cours de la centaine d'années qui a suivi, d'énormes quantités de guano ont été extraites et expédiées par bateau vers l'Europe comme engrais. En outre, des types de guano particulièrement riches en nitrates ont aussi servi de matière première pour la fabrication d'explosifs - le salpêtre ainsi obtenu était un composant de la poudre noire.

Produit de remplacement industriel

À l'époque de la découverte du guano par les Européens, on ne savait produire industriellement ni le salpêtre ni les engrais. Les gisements de nitrate et de phosphate liés naturellement, comme dans le guano, constituaient pour les paysans le moyen le plus efficace pour améliorer leurs rendements et intensifier l'agriculture. Le remplacement de la fertilisation avec le guano (ou un autre engrais naturel) n'a été possible qu'avec la découverte du procédé Haber-Bosch, qui permet la production synthétique d'ammoniac. L'ammoniac se compose d'une part d'azote et de trois parts d'hydrogène. Comme l'azote est indispensable à la croissance des plantes, la production d'ammoniac fut une découverte sensationnelle. Maintenant, le manque d'azote dans le sol résultant de l'agriculture intensive peut être comblé par des produits de synthèse industriels. Mais le guano est encore utilisé de nos jours comme engrais, par exemple dans l'horticulture biologique.

Créé: 07.12.2018

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