Animaux et plantes

Le ver luisant: cet animal mystérieux à découvert

Lampyris noctiluca femelle qui allume son lampion pour chercher un partenaire

Un signal mystérieux: une femelle ver luisant recherche un partenaire. (Image: David Evans/Wikimedia Commons, Licence CC)

En 2019, le ver luisant (Lampyris noctiluca) attirera l’attention sur la situation des insectes dans notre pays. Cet animal mystérieux est encore très répandu dans notre pays. Mais le rétrécissement de son espace de vie et la pollution lumineuse le poussent à déserter nos parcs et nos bois.

Son nom est trompeur: le ver luisant n’est pas un ver, mais un scarabée qui émet une lumière froide. Le nom précis de cet insecte est «grand lampyre». Il s’agit de la plus commune des quatre espèces de vers luisants présentes en Suisse.

Un insecte menacé

Notre faune est peuplée d’insectes. Sur les quelque 36’000 espèces animales connues en Suisse, 30’000 sont des insectes. Là où les insectes vont bien, la nature se porte bien. Mais le monde merveilleux des insectes se dégrade à une vitesse effrayante. La destruction des habitats, les pesticides, la pollution lumineuse et d’autres facteurs encore l’affectent considérablement, avec de graves conséquences pour la nature et pour nous, les êtres humains. De plus en plus de personnes en sont désormais conscientes et s’inquiètent des découvertes alarmantes de la science. Choisi par Pro Natura comme animal de l'année 2019, le ver luisant attirera l’attention sur cette situation problématique, mais aussi sur les solutions concrètes possibles.

Un ver luisant attaque un escargot, son dîner!

A la chasse: un ver luisant attaque un jeune escargot. (Image: Heinz Albers/Wikimedia Commons, Licence CC)

Terreur des escargots

C’est seulement à la fin de sa vie que le ver luisant apparait dans nos nuits d’été. Auparavant, il aura passé près de deux ans sous forme de larve. Ces dernières sont de grands prédateurs d’escargots et de limaces. Leurs méthodes de chasse brutales ne cadrent pas avec l’image charmante de la luciole des contes de fées.

Telles de mini-crocodiles brun-noir, les larves traquent leurs proies, souvent bien plus grosses qu’elles. Elles tuent l’escargot ou la limace capturée en lui injectant un venin et il ne leur faut qu’un jour pour consommer entièrement leur victime. Un organe spécial situé à l’extrémité de son abdomen permet à la larve de se nettoyer à fond après avoir ingéré ce repas visqueux.

Les larves disposent de poisons défensifs. Elles ne sont pas comestibles pour d’éventuels prédateurs et des points luminescents sur leur abdomen les dissuadent de s’y risquer. Cette lumière n’est pas aussi forte que le signal d’accouplement des individus adultes, mais elle est bien visible à une distance d’un à deux mètres. En hiver, lorsqu’il n’y a plus ni limaces ni escargots à manger, les larves entrent en hibernation.

Un final lumineux

Après deux ou trois hivers, les larves se mettent en cocon. Les vers luisants adultes éclosent au bout d’une semaine environ. Les individus adultes sont aussi frugaux que les larves sont voraces, puisqu’ils peuvent tout à fait rester sans manger.

Très vite, les femelles se postent à un endroit bien en évidence pour allumer leur signal destiné aux mâles en quête d’amour. La lumière émise par les organes lumineux situés à l’extrémité de leur corps est produite par une réaction chimique. Cette capacité des animaux et des plantes à produire de la lumière est appelée bioluminescence.

Vidéo du lampion du ver luisant par André Lequet:

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Le mâle en vol de recherche

Les mâles des vers luisants n’émettent pas de lumière. Ils survolent leur habitat et guettent de leurs grands yeux le signal d’amour tant désiré. Dès qu’un mâle atterrit près d’une femelle, la lueur s’éteint et l’accouplement a lieu. La femelle pond ses œufs à même le sol, sous des herbes, des pierres ou des morceaux de bois. Après, elle meurt.

Le mâle vit environ deux semaines. Le couple laisse 60 à 80 œufs qui peuvent être faiblement luminescents. Après un mois, les larves éclosent. Ces minuscules créatures, de quelques millimètres seulement, partent à la chasse aux limaces et escargots. Le cycle recommence.

Des limaces et des escargots, de la diversité et...

Le ver luisant est répandu dans toute la Suisse et se rencontre jusqu’à 2000 mètres d’altitude. Ils vivent aussi bien à l’orée de la forêt que dans les parcs de nos villes. Trois conditions doivent être remplies pour qu’ils se sentent chez eux.

Premièrement, il leur faut des limaces et des escargots. Deuxièmement, une mosaïque diversifiée de petits biotopes est nécessaire et ceux-ci doivent être dépourvus de pesticides. Des espaces ouverts, des coins ombragés, des cachettes humides: le genre de structures qu’offrent, par exemple, un paysage rural traditionnel, un jardin naturel, un cimetière ou un parc entretenu sans pesticides.

Crissier de nuit

Crissier de nuit (banlieue de Lausanne). (Image: Philippe Golaz/Wikimedia Commons, Licence CC)

...de l’obscurité!

Mais le ver luisant a besoin de quelque chose devenu malheureusement rare: l’obscurité. À l’heure actuelle, une nuit sombre ne va plus de soi. Les rues illuminées 24 heures sur 24, les enseignes lumineuses et les petites lumières installées dans les jardins sont néfastes aux vers luisants. Ce problème a un nom: pollution lumineuse.

En effet, quand la nuit devient claire à cause de la lumière artificielle, la femelle ver luisant éclaire en vain. Les mâles ne retrouvent plus leurs partenaires. Il est important de laisser son obscurité à la nuit. Pas seulement pour le ver luisant: les chauves-souris, les papillons de nuit, mais aussi les humains au repos ont besoin de nuits sombres.

Trois autres espèces de vers luisants

En dehors du grand lampyre, on peut observer trois autres espèces de vers luisants en Suisse:

C’est au cimetière Waldfriedhof de Schaffhouse que vit l’une des rares populations suisses du nord des Alpes de petit lampyre (Lamprohiza splendidula). Les femelles émettent une lumière en position «assise». Lorsque les mâles se mettent à voler en scintillant entre les arbres et les tombes, émettant par intermittences une lumière verte, le spectacle est proprement féérique. Ce ballet lumineux attire chaque année de nombreux curieux.

La luciole à ailes courtes (Phosphaenus hemipterus) ne fait pas vraiment honneur à son nom, car elle ne brille que très faiblement et ne vole pas non plus. Cette espèce est répandue dans toute la Suisse. Elle est peut-être même plus commune que le grand lampyre, mais elle passe souvent inaperçue. Contrairement aux autres espèces de vers luisants, la larve de la luciole à ailes courtes ne se nourrit pas d’escargots ni de limaces, mais de vers de terre.

La Luciola italica a son aire de répartition principale - comme son nom le laisse supposer - au Tessin et dans les vallées du sud des Grisons. Les deux sexes luisent et émettent une lumière blanche. Il existe des populations locales au nord des Alpes, à Lausanne et à Zurich. L’origine de cette espèce à Zurich est mystérieuse. Quant aux Luciola italica établies dans le parc Bourget à Lausanne, elles ont été introduites depuis le Tessin dans les années 1940, tout simplement pour le plaisir du public.

Une autre espèce non indigène, Luciola lusitanica, a également été découverte sporadiquement en Suisse. Elle est étroitement apparentée à la Luciola italica, c’est pourquoi sa classification biologique (systématique) n’a pas encore pu être clarifiée.

Texte: Pro Natura.
Le ver luisant a été choisi comme animal de l'année 2019 par Pro Natura

Créé: 26.02.2019
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