Portraits

Semion, informaticien et sociologue

Semion Sidorenko à l'EPFL. Image Rédaction SimplyScience

Après des études en informatique, puis en sociologie, Semion Sidorenko est aujourd’hui doctorant au Laboratoire d'Histoire des sciences et des techniques de l’EPFL. Il nous raconte son parcours pas comme les autres.

Pourquoi avoir commencé par étudier l’informatique ?

« Assez jeune mes parents m’ont laissé utiliser l’ordinateur que j’avais à la maison. Très vite je me suis intéressé à la programmation et j’ai commencé à apprendre des petits trucs grâce à internet. J’étais impressionné de voir tout ce qu’on pouvait faire avec un ordinateur, fasciné par l’utilité que l’informatique pouvait avoir dans plein de domaines. Quand j’essayais de programmer, j’avais une approche un peu d’expérimentation ou de bricolage ; tout ça me plaisait beaucoup ! J’ai même voulu faire un apprentissage en informatique, mais mes parents m’ont convaincu de faire le gymnase et finalement je me suis lancé dans des études d’informatique à l’EPFL. »

Ces études d’informatique correspondaient-elles à tes attentes ?

« Par rapport à mes petits projets de programmation, les études à l’EPFL sont quand même beaucoup plus théoriques : il y a beaucoup de mathématiques et une approche plus formelle de l’étude de l’informatique. Même si c’était difficile au début, cette approche s’est avérée très complémentaire à mon côté plus pratique et débrouillard. Ce qui m’a le plus plu c’est de comprendre comment fonctionne un ordinateur du niveau matériel et électronique, avec les circuits logiques, jusqu’au langage informatique interprété dans lequel on écrit des programmes. Connaître toutes ces différentes “couches” de l’informatique m’a aussi rendu meilleur programmeur puisque je comprends toutes les étapes des programmes que j’écris. »

Ensuite, tu as choisi de recommencer des études en sociologie, pourquoi ?

« À la fin de mes études en informatique je me suis surtout intéressé à l’intelligence artificielle et la data science, mais je n’avais pas envie d’aller travailler dans l’industrie. J’ai toujours été intéressé par la politique et les questions de société en général. Pouvoir étudier scientifiquement les phénomènes sociaux me paraissait fascinant. En plus, j’avais l’impression de trouver ainsi un domaine où mes connaissances en informatique pourraient être utiles à la société. J’ai donc choisi de faire un bachelor en sociologie ; au final, je l’ai fait en deux ans en parallèle d’un job à temps partiel en tant qu’informaticien à l’EPFL. »

En général, la sociologie peut-elle être utile à l’informatique ?

« Quand on voit l’influence des algorithmes sur la société, notamment ceux développés par Google ou Facebook, l’importance d’un esprit critique et d’une certaine réflexivité chez les informaticiens devient évidente (voir interview de Lê Nguyên Hoang). L’informaticien doit être conscient de l’impact sur la société des programmes qu’il écrit. À mon avis, la sociologie peut apporter ce point de vue critique et réflexif sur les pratiques informatiques, et je pense que c’est important que les informaticiens s’y intéressent. Inversement, les sociologues, comme les politiciens, se doivent aussi de bien comprendre ce que font les informaticiens et les ingénieurs en général. En résumé, la société profiterait grandement d’échanges plus nombreux entre la sociologie et l’informatique. »

Comment ton doctorat combine-t-il sociologie et informatique ?

« Je cherche à étudier du point de vue de la sociologie les pratiques des informaticiens, plus précisément des data scientists, dans l’administration publique. Cela consiste à suivre ces ingénieurs sur le terrain, pour observer comment ils prennent des décisions, comment ils s’organisent, comment ils résolvent des problèmes, afin de pouvoir comprendre et analyser les implications sociales et politiques de leurs pratiques techniques. Je viens de commencer alors je réfléchis encore aux manières de m’y prendre ! »


Texte: Semion Sidorenko et Rédaction SimplyScience.ch

Dernière modification: 14.12.2021
Créé: 14.12.2021
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