Portraits

Jérémy Gremion, passionné de nature

Jérémy Gremion et un bruant ortolan Emberiza hortulana

Jérémy Gremion tenant dans sa main un bruant ortolan Emberiza hortulana (Image: © Jérémy Gremion)

La nature, et en particulier les serpents et les oiseaux, fascinent Jérémy Gremion depuis longtemps. Il ne sait pas où ses études de biologie le mèneront professionnellement, mais pense que le plus important c’est d’être passionné par ce que l’on fait.

Est-ce que tu t’intéressais déjà aux oiseaux quand tu étais enfant?

J’ai toujours été passionné par la nature, en particulier par les serpents et les amphibiens. Dehors, j’attrapais tous les serpents que je croisais. Je n’avais pas peur de me faire mordre, car j’avais lu des livres et je savais distinguer les espèces avec lesquelles il fallait faire attention, comme les vipères. J’allais aux champignons ou à la pêche en Valais avec mon grand-père maternel. C’est lui je pense qui m’a transmis la curiosité pour la nature. Quand j’avais 13 ans mes parents m’ont offert mon premier serpent, une couleuvre des blés. C’était une récompense pour mon travail, car je manquais de motivation à l’école. L’intérêt pour les oiseaux, ça m’est venu plus tard, vers l’âge de 18 ans.

Formation

Biologiste (UNI)

Le/ la biologiste étudie les organismes vivants et leur milieu. Il/ elle travaille en laboratoire, dans un bureau, ou plus rarement sur le terrain. Il/ elle agit pour le compte d'organismes publics ou privés, de sociétés de conseils en environnement, dans la production pharmaceutique, chimique et biotechnologique. Il/ elle travaille souvent en équipe, doit parfois réaliser des tâches répétitives et s’adapter aux imprévus et horaires requis par les êtres vivants.

Perspectives professionnelles

Enseignement (collèges, gymnases, écoles professionnelles, HES, etc.), recherche (clinique, environnementale, agronomique, forestière), environnement (bureaux d'études d'impact, associations, administrations publiques) et biotechnologie et santé (entreprises, administrations publiques) sont les principaux débouchés pour les biologistes. D’autres opportunités existent auprès de fondations et de musées de sciences.

Bachelor (UNIL)

  • 1e année: biologie générale, chimie, physique et mathématiques.
  • 2e année: physique, statistiques, analyse de données, biochimie, physiologie, immunologie, neurosciences, microbiologie, génétique, bioinformatique, écologie et évolution, développement animal et végétal, biologie et société, cours à option.
  • 3e année: design expérimental, virologie, biologie des populations, évolution moléculaire, biologie et société, travaux pratiques de biologie moléculaire, modules thématiques à choix, cours à option.

Informations détaillées ici.

Master en comportement, évolution et conservation (UNIL)

  • Cours obligatoires (en anglais): scientific writing, molecular genetics, phylogeny, evolution, and population biology. Projet de recherche à la fin du premier semestre.
  • Les deux derniers semestres sont consacrés au travail de master dans un laboratoire de recherche, complété par des cours spécialisés à option.

Informations détaillées sur ce master ici.

Conditions d'admission en première année

  • Admission sans examen: certificat cantonal ou fédéral de maturité gymnasiale ou diplôme d’une HES.
  • Réussite d’une année préparatoire requise: titulaires d’une maturité professionnelle.

Formations apparentées

  • Biologie (master), orientations «Ecologie et environnement», «Evolution et biodiversité» et «Comportement animal» à l’Université de Neuchâtel.
  • Biologie (master), orientation «Ecology and Evolution» à l’Université de Fribourg.
  • Biologie (master), orientations «Biodiversité et systématique» et «Génétique, développement et évolution» à l’Université de Genève.
  • «Gestion de la nature» (bachelor HES-SO)  et «Gestion des ressources naturelles» (master HES-SO) à la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève.
  • Tu peux comparer les formations sur le portail suisse de l’orientation professionnelle.

Pourquoi as-tu décidé d’étudier la biologie?

Pendant le gymnase, j’ai hésité à arrêter les études pour faire un apprentissage de laborantin. Après avoir passé mon bac, j’ai pris deux ans sabbatiques pour voyager. J’ai aussi fait un stage comme géomètre, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas mon truc. Finalement, le seul métier où je pouvais me projeter, c’était biologiste. Mes parents m’ont encouragé à tenter au moins la première année d’université, alors que j’étais un peu inquiet car je pensais que je n’y arriverais pas. Quand j’ai commencé les études de biologie à Lausanne, en discutant avec des étudiants en train de faire leur travail de master ou de doctorat, c’est devenu plus concret et ça a confirmé que c’était ça que je voulais faire.

Est-ce que cela a correspondu à tes attentes?

En première année, il y avait beaucoup de cours dans les sciences de base (maths, chimie, etc.), c’était un peu dur de se projeter dans une formation de biologie. Mais plus on avance dans les études, plus cela devient intéressant car on se spécialise dans le domaine qui nous intéresse. Comme je m’y attendais, il y a une grosse charge de travail, mais finalement j’arrive plutôt bien à gérer. A l’Université de Lausanne, on est bien préparé pour la carrière académique, on fait beaucoup de biologie moléculaire mais les connaissances naturalistes sont un peu délaissées. D’un côté, je peux le comprendre, ces connaissances sont peut-être plus faciles à acquérir par soi-même et moins utiles pour trouver du travail. Mais d’un autre côté je trouve que le bachelor devrait ouvrir un maximum de portes aux étudiants.

Tu as fait ton service civil dans le domaine de la protection de la nature? Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté?

J’ai passé trois mois comme bagueur responsable au Col du Jaman, qui est la deuxième station la plus importante de Suisse pour le bagage des oiseaux. Cela faisait déjà longtemps que je donnais un coup de main pour sortir les oiseaux des filets ou pour d’autres tâches logistiques. Pour baguer, mesurer et identifier les oiseaux, il faut avoir un permis de bagueur, que j’ai passé avant de faire mon service civil. Comme cette formation est reconnue internationalement, cette expérience pourrait être un plus pour trouver du travail plus tard dans ce domaine même si ce n’est pas le but du service civil.

Jérémy Gremion et un serpent Eryx Colubrinus

Jérémy aime aussi beaucoup les serpents. Il a attrapé (et relâché) cet Eryx colubrinus, une espèce de boa fouisseur, pendant son travail de terrain en Ethiopie. (Image: © Jérémy Gremion)

 

 

Quel master as-tu choisi et où en es-tu dans ton travail?

J’ai choisi le «Master of Science in Behaviour, Ecology and Conservation» parce que j’ai toujours su que je voulais travailler dans le domaine de la conservation des espèces et de la préservation de l’environnement. Je suis en train de finir d’analyser mes données de terrain et de rédiger le mémoire de master. J’ai six mois de retard comparé à mes amis car mon travail de terrain a commencé plus tard que prévu.

Pourquoi, que s’est-il passé?

Oh, c’est une longue histoire! Au départ, il était prévu que j’aille étudier l’effet des gros herbivores (éléphants, buffles) sur les populations d’oiseaux au Botswana. Mais ça ne s’est pas fait car le pays a suspendu les autorisations de recherche juste avant que l’on parte. Le plan B, c’était d’aller au Burkina Faso pour mesurer l’effet de la présence du bétail sur les oiseaux migrateurs. On a dû renoncer à y aller car on a appris qu’il y avait des terroristes dans notre région d’étude. C’était au mois de septembre, mes potes étaient tous rentrés et moi je n’étais pas encore parti sur le terrain… Au final je suis parti sur les hauts-plateaux d’Ethiopie pour étudier le bruant ortolan. On se demandait si le déclin observé pour cette espèce d’oiseau en Europe (- 89 % entre 1980 et 2014) avait un lien avec ce qui se passait dans sa zone d’hivernage d’Afrique de l’Est.

Et qu’est-ce que tu as fait concrètement?

Avec deux autres étudiants de master, nous avons équipé des oiseaux d’émetteurs et nous les avons suivis par télémétrie pour savoir où ils allaient manger. Nous avons aussi étudié quelles espèces d’oiseaux étaient présentes dans des champs cultivés de différentes manières. Au Nord du pays, les récoltes se font encore à la main et les bruants profitent des graines qui tombent au sol. Au Sud, ce sont des monocultures et les récoltes sont mécanisées. Notre hypothèse était que le bruant ortolan serait sensible à l'intensification de l'agriculture sur les sites d'hivernage. Beaucoup d'études l’ont déjà prouvé mais uniquement pour ses aires de nidification en Europe.

Comment vois-tu ton avenir professionnel?

Au mois d’août, je vais soutenir mon travail de master. Après, je vais repartir en voyage pour observer les oiseaux. Ça me plairait bien de continuer à faire de la recherche encore un moment mais pas sur le long terme. Avec ce master, je pense qu’on ne peut pas trop faire de plans de carrière, il faut être ouvert à toutes les opportunités.

Est-ce que tu conseillerais de faire des stages pendant les études ou après le master?

Ça dépend du stage. Si c’est un stage sous-payé, je ne le ferais pas parce que je trouve qu’il ne faut pas accepter d’être exploité, ce n’est pas normal. Par contre, si le stage est payé convenablement et que je peux y apprendre de nouvelles compétences, je le ferais volontiers. Et si l’on fait un stage, il ne faut pas oublier de continuer à chercher du travail.

Est-ce facile de trouver un emploi comme biologiste à la sortie des études?

C’est sûr que certains biologistes galèrent un moment avant de trouver un emploi. Avec un master orienté «biologie moléculaire», ils trouvent peut-être du travail plus facilement dans les pharmas ou les entreprises de biotechnologie. Malgré tout, je pense que c’est important de choisir le domaine qui nous intéresse et pas en fonction des débouchés. En biologie, il n’y a pas que des étudiants motivés à l’uni, certains sont là un peu par défaut. Obtenir un master, c’est bien, mais la motivation ça se voit aussi sur le CV, par exemple si on a travaillé pour des associations en dehors des études. Et si on est passionné par ce que l’on fait, on a plus de chances de décrocher un job à mon avis.

 

Texte: interview de Jérémy Gremion par Rédaction SimplyScience.ch
Sources principales (encadré formation): Portail suisse de l’orientation professionnelle, Université de Lausanne.

Créé: 10.07.2018
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