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Loris Gomez : l’électronique au service des sciences de la vie

Portrait de Loris Gomez

Loris Gomez.

Après un apprentissage et une maturité professionnelle en électronique, Loris Gomez a poursuivi sa formation avec un bachelor en microtechniques à l’HEPIA. Pour son travail de diplôme, il a réalisé un prototype pour visualiser des cellules vivantes dans un milieu confiné. Par la suite, le laboratoire où il avait réalisé son travail de diplôme l’a engagé pour résoudre d’autres défis passionnants.

Quelles études avez-vous faites ?

À la fin du cycle d’orientation, j’avais l’idée de faire de l’électronique parce que son fonctionnement m’intriguait et que j’ai toujours eu un intérêt pour la technique. Comme j’avais de bonnes notes, on m’a proposé de faire la formation accélérée, comprenant un CFC et une maturité professionnelle, au CFPT (Centre de Formation Professionnelle Technique). J’avais envie de suivre une formation supérieure en électronique, alors j’ai opté pour un Bachelor en microtechniques à l’HEPIA (Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève) qui me donnait la possibilité de non seulement continuer dans ce domaine, mais aussi d’intégrer la micromécanique.

Pourquoi avez-vous choisi ce bachelor ?

Lors d’une visite aux portes ouvertes de l’HEPIA, l’ambiance, les projets exposés et les expériences que j’ai pu faire m’ont plu. Il est vrai que mon père, étant lui aussi ingénieur, m’a fait découvrir et évoluer dans ce monde depuis toujours. Un stage comme « chef de projet » chez RUAG Aerospace m’a permis de suivre toutes les étapes de fabrication d’une pièce aéronautique, depuis l’arrivée de la matière jusqu’à l’expédition au client. J’ai réalisé qu’en fin de compte cela n’avait rien de sorcier ou magique. L’électronique m’attirait car je désirais comprendre sa logique. Je la voyais comme un monde de mécanique invisible, mais fascinant à découvrir.

Qu’avez-vous apprécié pendant cette formation ?

Vous savez, je suis dans la technique et la littérature n’est pas mon fort. Je vous mentirais si je vous disais qu’apprendre de la théorie est terriblement amusant… Mais, pouvoir l’appliquer à des expériences, la programmation, la robotique, la conception, le dessin, etc. est plus agréable. Réaliser quelque chose à partir de zéro et le faire fonctionner comme vous l’aviez imaginé, alors que vous pensiez que c’était impossible, est un moment de satisfaction que je ne saurais pas vous décrire. C’est cela je pense qui m’a le plus plu pendant mes études.

Aucun bémol ?

Les études nous donnent les bases généralistes nécessaires à une profession, applicables de manière très large. On peut les comparer au permis de conduire : vous connaissez les règles, vous arrivez à rester sur la route sans être un danger pour les autres, mais ce n’est que des mois plus tard que vous savez réellement conduire. Le temps de notre formation est très limité et à mon avis trop concentré. Ce serait utile d’avoir des bases ou d’approfondir certaines matières comme la gestion comptable, le droit du travail, la gestion de projet et les langues. De plus, un stage en entreprise permettrait à l’étudiant de se confronter à la réalité de la vie professionnelle.

Avez-vous pu acquérir une expérience pratique pendant vos études ?

Des laboratoires sont mis en place pour pouvoir mettre en pratique les notions apprises. Il faut cependant tenir compte que les études HES sont très condensées et que la plupart des travaux pratiques se préparent à la maison ou en cours. Même si nous sommes bien préparés, ce n’est que lors du travail de semestre et celui de diplôme que l’on nous met dans la situation réelle de travail.

Le système permet d'observer des cellules en milieu confiné

Une partie du système permettant d'observer les cellules en milieu confiné. (Image: Loris Gomez)

Comment s’est passé le passage vers la vie professionnelle ?

Très bien. J’ai pu réaliser un travail de bachelor (voir encadré plus bas) tel que je l’imaginais : un travail réel et non pas fictif qui serait rangé je ne sais où, cela a été une grande satisfaction. Je ne souhaitais pas que ce soit seulement une simple approbation pour avoir mon diplôme. De plus, je souhaitais qu’il englobe plusieurs matières. Je n’ai pas été déçu : conception, dessin, fabrication, montage, électronique, programmation, optique, relation avec les biologistes pour tenir compte de leurs besoins réels, travail en équipe, etc. J’ai eu la chance d’intégrer le laboratoire du Professeur Luc Stoppini au Campus Biotech pour mon travail de diplôme. Quelques jours avant ma défense, j’ai reçu la proposition de rejoindre son équipe comme assistant HES.

Que faites-vous aujourd'hui ?

Je travaille toujours dans ce laboratoire. Dans un premier temps, j’ai pu résoudre quelques-uns des défauts que comportait le système de visualisation que j’avais conçu. Il est testé en ce moment par une entreprise. Ces derniers mois, le laboratoire évoluant à une vitesse folle, j’ai aussi dû réaliser des prototypes d’appareils en tout genre pour mener à bien les expériences biologiques. Comprendre les besoins d’autres personnes et faire en sorte de leur apporter une solution est très gratifiant. Que demander de plus à un ingénieur ! Je participe aussi à l’encadrement d’étudiants de l’HEPIA qui font leur travail de bachelor. Parfois, la tâche s’avère plus ardue que prévu si l’étudiant manque de détermination.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?

Dès que j’ai commencé dans le domaine de la biotechnologie, je dois dire que j’ai aimé tout de suite ce monde. Etant par nature curieux, aimant la minutie, le détail, la recherche et les nouvelles technologies, c’est un univers qui me fascine. Où que je regarde, il y a de nouvelles choses, de nouvelles visions et de nouvelles idées à explorer. C’est simplement passionnant. De plus, sachant que mon travail est utile et qu’il peut contribuer à l’amélioration de notre qualité de vie, ce ne peut qu’être extraordinaire pour moi. 

Comment voyez-vous votre avenir professionnel ?

Pour le moment je m’épanouis à mon poste actuel. Acquérir un savoir-faire qui plus tard me permettra de collaborer avec d’autres métiers en leur apportant une autre expérience et une autre façon de voir les choses. Dans les écoles, on nous apprend beaucoup de théorie et un peu de pratique. Mais les relations humaines, le travail en équipe, la confrontation aux idées différentes aux nôtres, l’écoute des personnes du métier, etc. nous forgent une expérience. Le monde industriel change constamment et de plus en plus vite, alors je dois continuer à me former pour suivre au plus près les évolutions technologiques. Dans un futur proche, je me vois travailler dans le domaine du développement, de la recherche et/ou production, où mécanique et électronique sont étroitement liées. Je n’écarte pas l’idée de créer ma propre entreprise plus tard.

Un système conçu pour observer des cellules en milieu confiné

Le but de mon projet de fin d’études (bachelor HES) a été d’apporter une solution technique à la visualisation en temps réel par microscopie, de tissus neuronaux dans leur environnement de culture. Le système conçu pour cela devait être confiné plusieurs jours dans un incubateur reproduisant un environnement in vitro (37°C, 100% humidité, 5% CO2).
Dans le système que j’ai conçu, une caméra est fixée en-dessous d’un plateau qui peut se déplacer sur le plan horizontal grâce à un dispositif mécanique. Une boîte stérile transparente, comportant 24 logements indépendants appelés « puits » et permettant la culture cellulaire est placée sur le plateau. La caméra, avec son objectif inversé, permet de créer une image agrandie. Faisant suite au souhait des utilisateurs, le réglage de la mise au point est semi-automatique, d’où un mécanisme automatisé selon l’axe vertical. J’ai également intégré une source lumineuse pour éclairer la zone à visualiser car les cellules vivantes se trouvent dans un environnement clos et non éclairé. 
Un boîtier étanche intègre et protège toute l’électronique nécessaire au fonctionnement autonome du système. Le logiciel que j’ai programmé permet deux modes d’utilisation du système. Un mode d’utilisation manuelle pour visualiser les tissus en direct et un mode automatique permettant un suivi étendu. Les images sont enregistrées, sauvegardées et accessibles aux utilisateurs par le réseau, depuis leur poste de travail.


Texte: Loris Gomez et Rédaction SimplyScience.ch

Créé: 15.11.2019
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