Portraits

Policière scientifique, un métier comme à la télé?

Révéler une empreinte de doigt à l'aide d'un pinceau et de poudre

Rechercher et révéler des empreintes laissées par l'auteur du délit, cela fait partie du travail du policier ou de la policière scientifique. (Image: albund/CanStockPhoto)

Marie Gorka est étudiante à l’Ecole des sciences criminelles de l’Université de Lausanne, actuellement en première année de master en «sciences forensiques, mention identification physique». Devenir policière scientifique (criminaliste) est son rêve depuis l’enfance. Mais la réalité correspond-elle aux fictions télévisées?

Pourquoi as-tu choisi ces études?

L’Ecole des sciences criminelles de Lausanne est la seule école en Europe qui propose une formation complète en police scientifique. De plus, j’ai envie de faire ce métier depuis que j’ai 8 ans. Evidemment, je suppose que les séries policières ont un peu influencé mon choix mais j’ai toujours aimé le fait d’analyser des indices afin de trouver ce qui s’est passé et afin de retrouver la personne qui était l’auteur des faits.

Comment s’est passé le passage du gymnase vers l'université?

Très bien. Mon bac français scientifique m'a bien préparé. Je n’ai pas vraiment eu de problèmes particuliers pour m’intégrer.

Qu’est-ce qui te plaît ou au contraire te déplaît dans tes études?

J’aime la pluridisciplinarité. On aborde vraiment plein de sujets différents pendant ces études: armes à feu, médecine légale, droit, documents, stupéfiants, informatique, etc. Mais il y a un inconvénient à étudier tant de sujets, c’est la charge de travail qui est assez conséquente.

As-tu pu acquérir une expérience pratique?

Oui, l’avantage de ces études est qu’en plus des cours théoriques nous avons beaucoup de travaux pratiques dans toutes les matières, ce qui permet d’acquérir une certaine expérience. De plus, j’ai fait un stage l’été passé à la fin de mon bachelor au sein de la police scientifique française à Lyon, dans la section «identification de la personne». J’y étais pendant 6 semaines ce qui m’a permis d’être vraiment immergée dans la réalité du terrain.

En quoi consistait ton stage?

J’ai été chargée d’un projet de recherche sur les solvants présents dans des solutions utilisées en routine dans les services de police scientifique pour la révélation de traces papillaires (traces digitales). Les solvants actuels sont relativement toxiques, ce serait bien de les remplacer afin d’être plus respectueux de l’environnement et de mieux protéger la santé de l’opérateur. A la suite de ces recherches, qui ont été concluantes, un rapport est en cours de rédaction afin de faire valider la méthode par la direction. Par ailleurs, des recherches complémentaires sont effectuées afin d’observer l’impact de ces solvants sur l’ADN contenu dans les traces qu’ils permettent de révéler.

Alors, est-ce comme dans les séries à la télé?

Etant immergée dans le laboratoire où sont traitées toutes les affaires, j’ai pu me rendre compte de comment se déroulent réellement les différentes analyses, et cela diverge énormément de la fiction! En effet, il y a beaucoup de démarches à faire, de procédures à respecter, ce qui donne des délais parfois considérables au traitement des pièces reçues. De plus, je me suis rendue compte qu’à l’Institut de police scientifique de l’Ecole des sciences criminelles de Lausanne nous avons beaucoup de chance de disposer de tout ce matériel d'analyse… Les budgets étant ce qu’ils sont, l’équipement à Lyon était plus modeste que celui auquel nous avons accès ici à l’institut.

Quel bilan fais-tu de cette expérience?

J’ai beaucoup aimé le fait que l’on me confie un projet tel que celui-là, dans le sens où je sais que cela va permettre de faire évoluer les choses au sein de la police scientifique. J’ai apporté ma pierre à l’édifice en quelque sorte! Ce stage a vraiment été une expérience bénéfique. L’équipe était par ailleurs très sympathique et c’était agréable de voir une aussi bonne ambiance de travail.

Comment imagines-tu le passage à la vie professionnelle?

J’envisage de faire un doctorat, par conséquent je pense que le passage à la vie professionnelle va se faire «en douceur». Par ailleurs, on se fait de nombreux contacts pendant les stages. Ces personnes nous proposent souvent des postes par la suite, ils nous «surveillent» d’une certaine manière.

Comment vois-tu ton futur métier?

Je pense qu’il sera très varié dans le sens où c’est un métier qui bouge énormément. De plus, je ne pense pas que l’on reste au même poste toute sa vie. Au contraire, c’est un métier où il faut savoir s’adapter mais aussi saisir les opportunités de promotion.

 

Formation

Criminaliste (police scientifique, science forensique)

Le/la criminaliste résout des affaires criminelles, des questions d’ordre civil (par ex. incendies, accidents) ou réglementaire. Pour cela, il/elle investigue sur les lieux du crime ou du délit à la recherche de traces matérielles (indices) dans le but d’aider la justice à identifier les auteurs du délit et d’en établir les circonstances. Il/elle analyse les indices à l’aide de méthodes scientifiques au laboratoire et/ou expertise des documents ou signatures. Il évalue si les indices constituent des preuves et fait la synthèse des informations, établit des liens entre les personnes suspectes et les lieux de l’affaire. Il/elle travaille seul-e ou en petite équipe, sur le terrain, au laboratoire et au bureau.

Perspectives professionnelles

Services de police (cantonaux, municipaux et fédéral), magistrature (en tant que juge d’instruction ou greffier/-ière d’un juge d’instruction), assurances (gestionnaire ou inspecteur de sinistres), banques (sécurité), recherche (hautes écoles, grands laboratoires), administration publique ou privée (postes de cadre, par ex. dans les prisons ou les sociétés de surveillance). Le marché de l’emploi est difficile pour les criminalistes.

Bachelor en science forensique (UNIL)

  • 1e année: bases théoriques en sciences de base (chimie, mathématiques, informatique, physique, biologie) science forensique, droit et criminologie. Cours théoriques, exercices et travaux pratiques.
  • 2-3e année: méthodologie (par ex. imagerie, statistiques, méthodes d’investigation, biologie moléculaire), science forensique (traces de personnes et d’objets, criminalistique numérique ou chimique), justice et police (enquête judicaire, droit pénal, médecine légale, etc.). Cours théoriques, exercices, travaux pratiques et travail personnel sur un thème imposé.
  • Informations détaillées ici.

Conditions d'admission en première année

  • Admission sans examen: certificat cantonal ou fédéral de maturité gymnasiale ou diplôme d’une HES.
  • Réussite d’un examen d’admission ou sur dossier pour les détenteurs d’un autre titre.
Créé: 03.05.2016
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