Lorsque nous marchons, nous ne devons pas continuellement regarder nos pieds. Il nous suffit de placer un pied devant l’autre. Lorsque nous nous mouchons, nous trouvons notre nez sans miroir. Nous pouvons estimer la force nécessaire pour soulever un verre ou un sac lourd. Même dans le noir, nous ne perdons pas l’équilibre. Nous devons toutes ces prouesses à notre sixième sens. La science parle de perception de soi, perception du corps ou proprioception.
Où le sixième sens se cache-t-il?
Comme les 5 autres, le 6e sens est lié à un organe: l’organe de Golgi. Celui-ci se compose de fibres nerveuses partout dans le corps, à la jonction des muscles et des tendons et ligaments, et sert à mesurer et régler la contraction musculaire. Trois autres types de propriocepteurs transmettent continuellement des informations au cerveau où elles sont traitées inconsciemment, c’est-à-dire en arrière-plan. Les fuseaux neuromusculaires captent l’état d’étirement des muscles du squelette et deux mécanorécepteurs (les corpuscules de Ruffini et les corpuscules de Pacini) perçoivent même les vibrations les plus infimes. Ils mesurent la position, l’extension et le mouvement des articulations ainsi que la tension de la peau. Ensemble, ils forment «le sens interne grâce auquel le corps est conscient de lui», la définition de la proprioception du célèbre neurologue Oliver Sacks. Celui-ci décrit le cas d’une femme qui a perdu son sixième sens suite à une maladie nerveuse et peut à peine se tenir assise. Pour bouger à nouveau, elle doit apprendre à contrôler son corps avec les yeux.
Prothèses dotées d'un sixième sens
Les personnes amputées d’une jambe ou d’un bras perdent aussi la proprioception du membre disparu. Les chercheurs s’activent pour restaurer ce sens à l’aide de capteurs artificiels intégrés aux prothèses. Pour cela, les impulsions nerveuses du cerveau doivent être transformées en signaux électriques dans le bras artificiel et inversement.