Déjà en 2009, 1.3 milliard de téléphones mobiles avaient été vendus dans le monde, dont 2.8 millions rien qu’en Suisse. Si ces appareils ont une durée de vie d’environ 7 ans, les Suisses les remplacent généralement au bout de 12 à 18 mois. Mais seuls 15 % des anciens appareils reviennent dans le commerce ou les points de collecte. Les autres sont manifestement jetés sans plus d’attention ou traînent dans un tiroir, un gaspillage inutile alors que chaque mobile se compose de nombreuses matières premières précieuses.
Un téléphone mobile contient des composants très différents. Plus de la moitié de l’appareil (boîtier, clavier et circuits imprimés) est en plastique. Les pièces métalliques comme les pistes, les composants électroniques et mécaniques représentent un quart de l‘appareil. Un autre sixième est représenté par l’écran en verre et différentes pièces en céramique. Les trois pour cent restants sont des matériaux comme les cristaux liquides et les retardateurs de flammes.
Mélanges complexes
D’un point de vue chimique, les téléphones mobiles sont des mélanges complexes. Un appareil normal comprend plus de 40 éléments : lithium, béryllium, titane, chrome, nickel, cuivre, arsenic, argent, or et platine de même que silicium, soufre, bore et chlore. La plupart de ces éléments ne sont présents qu’en très faibles quantités. Un téléphone mobile ne contient par exemple que 24 milligrammes d’or, ce qui équivaut à peine à une petite fraction d‘une tête d‘épingle. Et d’autres éléments rares comme le tantale, le palladium et l’indium ne s’y trouvent que sous forme de traces.
Ce sont précisément ces éléments rares qui sont importants. Sans eux, les téléphones mobiles ne seraient pas aussi compacts et performants. Le tantale, par exemple, est utilisé pour obtenir de minuscules condensateurs essentiels dans les circuits électroniques. Le palladium est utilisé dans des alliages pour les points de contact et, sans indium, les téléphones mobiles n’auraient pas d’écran.
Si l’on additionne les faibles quantités présentes dans tous les téléphones mobiles, on arrive à des quantités impressionnantes: 325 tonnes d’argent, 31 tonnes d’or, 12 tonnes de palladium, 12'000 tonnes de cuivre et 4'900 tonnes de cobalt sont nécessaires chaque année pour fabriquer de nouveaux téléphones mobiles. La consommation des éléments exotiques très rares dans la nature a explosé ces dernières années. Par exemple, près de 3/4 de tout l’indium, le palladium et le tantale extraits ont été commercialisés ces 30 dernières années. Personne ne peut dire combien de temps cette extraction pourra se poursuivre. Des sonnettes d’alarme sont régulièrement tirées: les réserves mondiales d‘indium épuisées dans cinq à dix ans déjà. Même si ces avertissements semblent exagérés à ce jour, l’industrie admet l’importance du recyclage. Toutefois, les éléments rares sont très difficiles à retirer des vieux appareils électroniques.