Corps et santé

Le système immunitaire: rempart de l'organisme contre les intrus

Vue d'artiste d'un macrophage phagocytant des bactéries

Cette image montre une représentation artistique d’un macrophage (en violet), en train de phagocyter des bactéries (en vert). Image : CanStockPhoto / Eraxion

« Comment booster son immunité ? » Voilà une phrase qui a fleuri ces derniers mois… Mais qu’est-ce que vraiment l’immunité – et le système immunitaire ? Comment fonctionne tout cela ?

On voit partout sur internet des publicités ou des articles plus ou moins bancales vantant des techniques secrètes pour améliorer son système immunitaire. Cet article-là en fait partie – et il y aura des conseils à la fin, mais ce seront ceux recommandés et prouvés par la science.

C’est quoi l’immunité ?

« Le système immunitaire est l'ensemble des organes, tissus, cellules et molécules assurant l'immunité d'un organisme » d’après le Larousse. Cela ne nous aide pas beaucoup. On va essayer de comprendre… Déjà, il faut imaginer qu’un organisme, comme le corps humain, est un ensemble de cellules qui fonctionnent ensemble et qui se distingue du « monde extérieur ». Le corps veut garder une intégrité par rapport à ce qui l’entoure ; et des organismes tels que les bactéries, les virus, les parasites, etc. essaient, eux, de rentrer pour se reproduire en nous. Le système immunitaire, c’est l’ensemble des moyens qu’a le corps d’empêcher l’entrée et la prolifération de microbes pathogènes dans l’organisme. Ensuite, il faut distinguer l’immunité innée de l’immunité acquise.

L’immunité innée

Schéma de l'immunité innée

La peau et les muqueuses, aidées de fluides antimicrobiens, forment la première barrière contre les agents pathogènes. Si les intrus arrivent à pénétrer dans le corps, alors les globules blancs (macrophages et PMN) les détruisent. S’ils ne parviennent pas à maîtriser l’infection, les cellules de l’immunité acquise viennent en renfort.
Illustration : Rédaction SimplyScience.ch

Il y a plusieurs types de défenses innées : déjà, bêtement, la peau et toutes les muqueuses (l’intérieur de la bouche, du tube digestif, du nez, des poumons, etc.) en contact avec le monde extérieur. On n’y pense pas, mais ces barrières, aidées de fluides contenant des agents antimicrobiens comme la salive, le suc gastrique, les larmes… sont très efficaces et empêchent la grande majorité des infections du corps par des organismes étrangers. Si malgré ces barrières un organisme pathogène arrive tout de même à rentrer, il sera immédiatement attaqué et détruit par des cellules immunitaires – les fameux globules blancs - qui patrouillent dans tout le corps.

Il existe un grand nombre de globules blancs chargés de l’immunité innée. Citons les plus importants :

  • Les granulocytes neutrophiles, ou polymorphonucléaires PMN. Avec ce nom barbare, il donne la migraine aux étudiants en biologie et en médecine… Appelons-les PMN, c’est le petit nom que les médecins leur donnent. Les PMN sont les globules blancs principaux de l’immunité innée. Ce sont les spécialistes de la défense de première ligne et ont une fâcheuse tendance à être kamikazes : ils se suicident pour tuer la bactérie qui attaque le corps.
  • Les macrophages, les « éboueurs » du corps. Ce sont de grandes cellules qui se baladent partout et qui mangent (le terme biologique est « phagocytent ») les débris et déchets du corps. Ils peuvent aussi phagocyter les organismes pathogènes.
  • Les cellules dendritiques, les sentinelles. Ces cellules détectent la présence des organismes pathogènes et sont capables d’alerter les autres cellules immunitaires d’une attaque.
  • De nombreuses autres cellules, chacune spécialisée dans la défense contre certaines situations et organismes particuliers.

Toutes ces cellules sont aidées par des protéines comme les anticorps qui peuvent servir d’armes ou moyen de détection et communiquent via des petites protéines appelés cytokines ou interleukines.

Un PMN et un macrophage entouré de globules rouges vus au microscope optique

Une vue microscopique d’un PMN (en haut à droite) et d’un macrophage (en bas à gauche) entourés de globules rouges (en gris). Image: Wikimedia Commons / Hanna Sörensson, licence CC BY-SA 2.0

La particularité de l’immunité innée, c’est qu’elle est non spécifique (elle répond à toutes les agressions), rapide, et sans mémoire (la réexposition au même pathogène n’augmente pas la réponse immunitaire).

Par exemple, quand on se coupe la peau, les cellules de l’immunité innée vont immédiatement venir sur place pour lutter contre les premiers pathogènes envahisseurs. Également, elles sont très présentes dans le nez et les poumons car beaucoup de virus et bactéries voyagent dans l’air et nous infectent par là.

On peut se dire que le corps est un château, défendu par plusieurs acteurs. On a les murailles (la peau et les muqueuses) sur et dans lesquelles patrouillent les soldats (les PMN), des gros soldats qui font également l’entretien (les macrophages) et des sentinelles (les cellules dendritiques). Ces unités se battent à mains nues, ou avec des armes (les anticorps), et communiquent via les cytokines et les interleukines.

Si malgré tout cela, la situation dégénère et l’infection gagne du terrain, les cellules dendritiques fuient la zone de combat pour prévenir et activer les forces spéciales : l’immunité acquise.

Immunité acquise

Schéma de l'immunité acquise

Si l'infection dégénère, les cellules dendritiques fuient la zone de combat en emportant un morceau de l'agent pathogène pour le montrer aux lymphocytes T CD4+. Ceux-ci produisent des messagers (les cytokines) qui vont activer les forces spéciales: les lymphocytes B libèrent des anticorps qui se fixent aux pathogènes et les lymphocytes T CD8+ produisent des enzymes cytotoxiques pour les détruire. Les soldats de l'immunité innée (macrophages et PMN) sont aussi présents pour maîtriser l'infection.
Illustration: Rédaction SimplyScience.ch

L’immunité acquise, ce sont les forces spéciales du corps : ce sont les cellules les plus puissantes qui doivent être activées uniquement lorsque la situation se péjore. En général, ce sont les cellules dendritiques qui fuient le lieu de l’infection avec un morceau de pathogène pour le montrer aux cellules de l’immunité acquise, qui vont alors dégainer l’artillerie lourde.

Il existe beaucoup de cellules de l’immunité acquise. Ces cellules vivent dans le système lymphatique et le sang et se baladent de ganglion en ganglion.

Pour simplifier, on va distinguer 3 catégories :

  • Les lymphocytes T CD8+ : ce sont les soldats d’élite, spécialistes du corps à corps. Ils peuvent détecter et tuer les cellules infectées par un pathogène rapidement.
  • Les lymphocytes B : ce sont les artilleurs. Ce sont eux qui produisent les anticorps, des protéines qui diffusent dans tout l’organisme, qui se lient aux pathogènes, ce qui peut les affaiblir, les désactiver, et les rendent plus facilement détectables par les autres cellules immunitaires.
  • Les lymphocytes T CD4+ : ce sont les chefs d’orchestre. Ils activent les autres cellules, dirigent le combat, savent quelles cellules recruter en fonction des situations.

La particularité de l’immunité acquise, c’est qu’elle est spécifique (elle répond spécifiquement à un organisme), lente (elle prend plusieurs jours à se mettre en place) et avec mémoire (elle se rappelle des pathogènes et répond à chaque nouvelle agression plus fortement encore).

L’activation de telles forces a un coût énergétique élevé. Des millions de cellules sont activées, se reproduisent très rapidement et consomment de l’énergie pour fabriquer des armes (comme les anticorps) et se battre. Le corps ne l’active donc que lorsque c’est nécessaire, en général lors d’infection d’un organe entier ou systémique. Son activation, nous pouvons la sentir : on se sent en général fatigué, on a mal partout, on est fiévreux, nauséeux, avec des ganglions qui gonflent (car les cellules se reproduisent dedans). C’est communément appelé « syndrome grippal ».

L’immunité

On parlait avant de la « mémoire » du système immunitaire. La nature a trouvé une manière – très complexe – de se rappeler des infections passées, et d’améliorer ses armées lors de nouvelles agressions des mêmes pathogènes. Lors d’une infection d’un micro-organisme déjà connu, la réponse immunitaire acquise est immédiatement lancée et est plus forte. C’est cela que l’on appelle « immunité ». C’est pour ça qu’on ne peut attraper certaines maladies qu’une fois, comme la varicelle. Une fois immunisé, on ne peut plus la ré-attraper car le système immunitaire reconnait le virus et le combat immédiatement dès qu’il le voit. Pour d’autres pathogènes, on peut retomber malade, mais on sera moins malade car la réponse immunitaire sera plus rapide et forte. C’est aussi là-dessus que se base la vaccination : en présentant une partie du virus ou un virus atténué au système immunitaire, le corps pourra réagir plus efficacement en cas de véritable infection.

Comment renforcer son immunité ?

Malheureusement, il n’y a pas de pilule ou aliment miracle pour renforcer son système immunitaire. D’ailleurs, tout ce qu’on peut voir comme compléments alimentaires, ou certains aliment censés booster le système immunitaire ne fonctionnent pas : la science n’a jamais montré leur efficacité. Après, s’ils ne sont pas pris en grosse quantité, cela ne peut pas faire de mal… sauf au porte-monnaie. Notre corps fonctionne très bien tout seul, et pas besoin de compléments !

Par contre, ce qui est prouvé pour avoir un système immunitaire performant, c’est :

  • Réduire le stress : le stress, surtout le stress chronique, via les hormones que notre corps sécrète, altère et affaiblit le fonctionnement du système immunitaire
  • Manger équilibré : le système immunitaire est fait de millions de cellules qui consomment beaucoup de nutriments et qui ont besoin de minéraux et vitamines présents naturellement dans la nourriture
  • Pratiquer une activité sportive : même raison que pour le stress, mais avec des hormones bénéfiques. Également, l’exposition au soleil et à de l’air non pollué peut être bénéfique
  • Dormir suffisamment : le sommeil fait partie intégrante du fonctionnement de notre organisme, et il est capital pour reposer et réparer notre corps. Cela vaut aussi pour le système immunitaire !

Texte: Rédaction SimplyScience.ch

Sources:
Vander, Arthur J. et al. Physiologie humaine : les mécanismes du fonctionnement de l'organisme. Paris : Maloine, 5e éd. 2009
Parham, Peter 1950. The immune system. New York : Garland Science, 4th ed. 2015
Lara Brunner. Renforcer le système immunitaire, c’est simple. Site internet d’Helsana.

Créé: 04.05.2022
Plus